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Accuellir l’exilé d’abord au nom de l’Evangile
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« Souviens toi que tu as été étranger en pays d’Egypte »(1). Telle est l’exhortation que reçoit le peuple d’Israël à plusieurs reprises dans le livre de l’Exode. Assurément parce qu’il n’est pas facile ni pour le peuple d’Israël à l’époque ni pour le peuple français aujourd’hui d’accueillir l’Exilé d’accueillir l’Étranger. Il nous déstabilise, il nous remet en cause. C’est bien pourquoi le peuple d’Israël est invité à faire mémoire de sa propre histoire et de se rappeler que cet autre lui-même est un frère d’humanité. « Qu’as-tu fais de ton frère ?(2) » demande Dieu à Caïn qui dans un accès de colère jalouse vient de tuer son frère Abel ? Cette interrogation vient interpeller la société française et plus largement les peuples européens aujourd’hui.
Pour être juste il faut dire qu’à un moment de son histoire Israël a été tenté par un exclusivisme nationaliste (3). Ce fut au moment de la reconstruction du pays après le retour de l’exil. Il faut à l’époque, reconstruire rebâtir se serrer les coudes. La situation économique est difficile le peuple doit retrouver une cohésion, une identité. L’étranger est mal vu, malmené, combattu. Les historiens nous rappellent que l’histoire malheureusement se répète, le même contexte engendrant souvent les mêmes conséquences. Il nous faut entendre cette tentation du peuple d’Israël afin de ne pas la reproduire.
J’aimerais partager avec vous trois arguments nous incitant à mettre en pratique le slogan de cette campagne : « Exilés l’accueil d’abord ». Ils sont bibliques et théologiques.
Premièrement, il y a de l’étrange en nous de l’étranger. L’apôtre Paul nous le confie à partir de sa propre expérience. En lui comme en nous se côtoient le « viel homme » et le « nouvel homme »(4). Mais Dieu reçoit l’apôtre Paul, et nous de la même manière, avec cette double nature. Cette dualité. Accueillir l’étranger alors c’est nous réconcilier avec la part d’étrangeté en nous et recevoir par la même une parole de réconciliation de Dieu.
Deuxième argument, ce verset de l’épitre aux hébreux « Vous êtes voyageurs et étrangers sur la terre »…. en quête d’une patrie céleste» (5). La bible nous rappelle notre identité d’exilé et de nomade dans la perspective du Royaume. Elle relativise notre identité nationale notre appartenance à un territoire, même si nous ne pouvons pas vivre sans ces ancrages.
Enfin troisième argument, ce verset de l’apôtre Paul dans la lettre aux Ephésiens affirmant que nous avons été « sauvés par grâce » (6). Ce Dieu de grâce qui nous accueille de manière inconditionnelle, nous appelle à notre tour à faire grâce de manière inconditionnelle. Même si cela n’est pas tout à fait raisonnable. Cet argument est sans aucun doute celui qui est le plus important pour moi. Il n’est du registre de l’éthique mais du théologique. Il dit le cœur de notre foi, de notre espérance. Et nous savons combien le Salut par grâce est le cœur de la théologie protestante
Liberté Egalité Fraternité cette devise de la République est chère au citoyen français que je suis. Permettez- moi pourtant d’ajouter un mot à cette devise : spiritualité. Liberté Egalité Fraternité Spiritualité. Car, pour moi, la spiritualité n’est pas incompatible avec une démarche citoyenne, et même, je le crois, peut heureusement la nourrir la soutenir. C’est dans cette perspective que je suis heureux de partager ce moment, avec vous, de spiritualité et de citoyenneté.
Le pasteur Hervé Gantz
1 Ex 22/21 ;Ex 23/9 ;Lv 19/34
2 Gn 4/9
3 Livre d’Esdras et de Néhémie
4 Ro 6/6 ; Col 3/9
5 Hb 11/13
6 Ac 15/11 ;Ep 2/8 ;2 Tim 1/9