Belle illustration de notre fonctionnement synodal, le thème de l’écologie est actuellement en discussion au sein de nos Eglises, avant d’être repris au niveau régional en novembre, puis national en mai 2020 (comme cela a été le cas pour la révision des textes constitutionnels lors du tout dernier synode grenoblois). Le Conseil national a proposé ce thème suite à plusieurs vœux venus des régions, attentif également aux attentes de réseaux chrétiens protestants engagés comme celui de «Bible et Création». Bien sûr, cet intérêt s’inscrit dans le cadre d’une préoccupation écologique plus large, croissante dans notre société depuis en particulier la COP 21 de Paris. Comme on le voit, elle mobilise la jeunesse, interroge nos mobilités et nos politiques fiscales, réaffirme son importance politique à travers les récentes élections européenne…
Notre Église locale, comme d’autres, n’a pas attendu ce jour pour réfléchir, sensibiliser et agir en ce domaine. Du Forum environnement de 2015 au Centre œcuménique St-Marc à l’inscription récente de notre paroisse dans le processus Église verte, en passant par la mise en place d’un temps liturgique de la Création ou la journée consistoriale d’octobre à Mens, nombreuses ont été les occasions de s’emparer de ce sujet, comme citoyen mais aussi comme chrétien. Car tel est bien l’enjeu de ce processus synodal auquel nous sommes invités: nous approprier ce sujet et en débattre en Église, sérieusement et sereinement!, articuler notre foi à toute la Création et à son destin, traduire concrètement dans nos activités d’Église une manière de vivre qui donne à l’humain sa juste place au cœur de son environnement.
Rapporteurs nationaux et régionaux ont retenu comme titre: «écologie: quelle(s) conversion(s)?», nous rappelant son enjeu spirituel et le défi de réorientation radicale qu’il incarne. Ils nous invitent à aborder ce sujet en nous concentrant sur deux axes, liturgique et prophétique. Les différents temps de la liturgie de notre culte dominical déploient tous les accents de notre foi: la repentance, le pardon, l’intercession, la confession de foi, l’actualisation des Écritures, le repas du Seigneur… il peut être stimulant de ré-explorer/réinventer nos divers textes liturgiques. Quelle place pour la terre et son avenir dans nos confessions de foi? La proclamation du salut concerne-t-elle aussi les autres formes de vie? La souffrance ou la mort animale peut-elle être considérée comme un péché? Et notre intercession à destination des autres, va-t-elle jusqu’au souci de la justice climatique? Vous le voyez, l’angle liturgique, surprenant au premier abord, nous permets de tirer tous les nœuds sensibles et fondamentaux de notre rapport à l’écologie.
En tant que chrétien, en tant qu’Église, n’avons-nous pas aussi à prendre publiquement la parole sur ce sujet? En lien d’abord avec beaucoup d’autres bien sûr, à travers des engagements communs œcuméniques, interreligieux, associatifs… Mais aussi en osant une parole singulière! En réaffirmant, par exemple, notre confiance en l’avenir, ou en partageant notre expérience en matière de conversion ou de pratiques d’ascèse modérée. Comme les prophètes d’autrefois, peut-être sommes-nous aussi appelés à poser des actes symboliques, des gestes prophétiques. Oui mais lesquels…?
Le dossier synodal initial vous est accessible sur le site de notre Église. Chacun d’entre vous peut se l’approprier et apporter sa libre contribution au débat en cours. Divers groupes locaux de notre Église s’en sont déjà saisis, animant par exemple une soirée du groupe de jeunes ou un débat entre paroissiens du quartier St-Egrève. Lors de la journée d’Allevard, la pasteure Magali Girard a prêché et animé l’après-midi sur ce thème. Le conseil presbytéral a, lui, pris le temps de travailler le récit du déluge dans le livre de la Genèse… et se propose de faire monter en puissance le débat paroissial à l’automne: au culte de Montbonnot tout d’abord, avec une présentation plus précise de ce qu’est le label «verte»; puis dès octobre, en s’appuyant sur notre temps liturgique de la Création.
Vu l’urgence et l’ampleur d’un tel sujet, il ne saurait être laissé aux seuls politiques, aux seuls militants radicaux, aux seuls non-croyants. A nous de relever de façon «» ce fondamental défi; à nous de cultiver, de façon bio-dynamique, ce passionnant débat !
Joël Geiser
Pasteur en poste à Vienne-Roussillon-St Vallier depuis le 1er juillet 2019