Exilés: discours de Philippe Sautter, président du CP

Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les bénévoles des associations partenaires du Diaconat protestant, chers frères et sœurs de l’Eglise protestante unie de Grenoble ou d’autres confessions, chers amis ;

Merci aux élus qui ont répondu positivement, notamment Christine Crifo, conseillère départementale, Jean-Noël Causse, Alain Denoyelle, adjoint au maire et VP du CCAS de Grenoble, Bernard Macret, adjoint au maire de Grenoble, chargé des solidarités internationales ;

merci à tous pour votre présence.

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ : la fière devise de la République française  est inscrite aux frontons des bâtiments publics ; elle est aussi rappelée dans l’en-tête des documents administratifs ; elle est célébrée lors de la fête nationale qui nous rassemble, le 14 juillet autour de ces valeurs qui fondent notre République.

Nous pensons que ces valeurs sont aussi caractéristiques des Eglises chrétiennes, notamment la tradition protestante : en effet, la liberté, c’est d’abord la liberté de penser, de croire, la liberté de conscience : elle fut à la base de la Réforme dont nous célébrerons en 2017 les 500 ans. Cette liberté de conscience, inscrite dans la déclaration des droits de l’homme, fonde le concept de laïcité à la française, qui permet à chacun de pratiquer librement sa religion.

L’égalité, c’est l’égalité en droit, l’égalité devant la loi, comme l’égalité devant Dieu rappelée par l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme car tous vous êtes un en Jésus-Christ ». Comme la liberté de conscience, l’égalité des citoyens fut âprement défendue en 1789 par le pasteur Rabaut Saint-Etienne, député du Tiers-Etat à la Convention et l’un des co-réadacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme.

Et la fraternité ? Elle est toujours recherchée dans nos Eglises, malgré les conflits inévitables, et nous nous appelons souvent frères et sœurs. Dans notre société, c’est plus contrasté : même si la communion  de tout un peuple se manifeste après un attentat ou une victoire en demi-finale , nous savons bien que dans le quotidien, c’est l’individualisme qui prend le dessus, renforcé par l’exaltation des droits individuels et par les nouvelles formes de communication électronique.

Beaucoup de citoyens, beaucoup de chrétiens ont été choqués par le peu de générosité, de fraternité qu’a montrée la France alors qu’un drame historique se déroule à nos portes : par milliers des gens meurent de refuser la guerre et l’oppression, meurent de choisir la vie et la liberté. Ne les accueillir qu’avec parcimonie est indigne de notre héritage spirituel, et est insupportable pour nos consciences. C’est la raison pour laquelle le Synode national de l’Eglise protestante Unie de France, réuni à Nancy du 5 au 8 mai 2016, a décidé de l’organisation d’une protestation/ manifestation symbolique et publique, et chargé le Conseil national d’en déterminer les modalités pratiques.

Malgré les courts délais, le Conseil national a jugé que la Fête nationale était particulièrement indiquée pour interpeller la République, notamment ses élus, et la presse, sur l’accueil des exilés. Exilés c’est-à-dire toutes les  personnes contraintes de vivre hors de leur patrie pour survivre ou fuir des persécutions. Ce sont donc aussi bien les migrants économiques que les réfugiés politiques et religieux. La France en a accueilli des millions dans son histoire. D’autres sont partis de France vers les Amériques, ou vers l’Allemagne et les Pays-Bas comme ces centaines de milliers de huguenots fuyant la répression engagée par la révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Nous pensons que les Français sont plus accueillants qu’on ne le croit : c’est ce que confirme un sondage réalisé par Amnesty International en mai dernier et nous avons tous l’exemple de nos frères d’Allemagne où le moindre village est mobilisé pour accueillir quelques familles de Syrie ou d’Irak.

Hier, une conférence de presse a été conviée à Paris pour expliquer notre démarche, avec la Fédération protestante de France, la Fédération de l’Entraide protestante, La Cimade, l’association Coexister, et l’Union bouddhiste de France.

Une autre conférence de presse sera donnée demain au Chambon sur Lignon, haut lieu de la fraternité au nom de la liberté de conscience.

Plus de 200 paroisses en France participent, comme nous à Grenoble, à cette interpellation. Et nous vous invitons tous à relayer par mail et sur les réseaux sociaux les messages qui seront en ligne à partir de lundi sur le site, la page facebook, le compte twitter Accueillons les exiles.

Cet appel est un appel citoyen, il peut être porté par tout citoyen épris de fraternité, quelles que soient ses convictions religieuses ou politiques. En ce qui nous concerne, il trouve aussi son fondement dans note foi et dans l’enseignement de la Bible ; mais je passe pour cela la parole au pasteur Hervé Gantz, pasteur de l’Eglise protestante Unie de France à Grenoble, et plus particulièrement en charge de l’action diaconale. Merci pour votre présence à nos côtés !

Philippe Sautter

Président du Conseil presbytéral

Eglise protestante unie de Grenoble

 

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