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La paix de Dieu soit avec vous tous.
Nous sommes réunis ce soir, dans des conditions très particulières pour méditer la passion du Christ et pour méditer le sens de la croix pour nous aujourd’hui.
Méditer la passion et la crucifixion du Christ, ce n’est pas commémorer un passé ; c’est porter la souffrance et la détresse de tous les méprisés, de tous les outragés, de tous les crucifiés de notre terre, ceux qui sont dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leurs droits. Et en ce temps très particulier de confinement qui ne réduit pas les écarts entre pays riches et pays pauvres, entre ceux qui d’ordinaire sont déjà dans la précarité, cette croix prend peut-être un sens particulier.
En solidarité avec tous ces crucifiés d’aujourd’hui et en mémoire de la crucifixion de notre Seigneur Jésus Christ, nous voulons vivre cette rencontre dans le dépouillement et la simplicité.
Cantique 33/04, 1-3 : Tu vins Jésus pour partager
Psaume 22 : Avec le Christ et tous les crucifiés de la terre, portons à Dieu le cri de leur souffrance, avec les mots du psaume 22 :
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Pourquoi restes-tu si loin, sans me secourir, sans écouter ma plainte? Mon Dieu, le jour je t’appelle au secours, mais tu ne réponds pas ; et la nuit encore, mais sans recevoir d’apaisement. On me traite comme une vermine ; je ne suis plus un homme. Les gens m’insultent, tout le monde me méprise. Seigneur, c’est toi qui m’a tiré du ventre de ma mère, et m’as mis en sûreté contre sa poitrine. Dès ma naissance je t’ai été confié, dès que je suis né, tu as été mon Dieu. Ne reste donc pas loin de moi, maintenant que le danger est proche. Sauve-moi ; protège ma vie ; délivre-moi !
Cantique 33/21, 1, 2, 3 : O Jésus ta croix domine
Confession du péché
Pour nous, Seigneur, rien n’est pire que d’être laissé de côté alors que les autres se rassemblent pour nous salir et médire à notre sujet. Combien as-tu dû en entendre, toi aussi !
Parce que tu as toi-même connu le rejet, l’isolement et la calomnie, tu sais qu’il n’y a rien de pire que d’être écarté comme quelqu’un qui n’a plus part à la fête commune et comme quelqu’un dont il n’y a plus rien à recevoir.
Tu le sais, il n’y a rien de pire, Seigneur, que les paroles qui salissent, les paroles qui distillent le mensonge, les paroles qui discréditent, les regards qui se détournent pour faire comprendre le délaissement et le mépris.
Peut-être avons-nous parfois été victimes nous-mêmes de tels agissements ?
Peut-être avons-nous été parfois de ceux qui distillent des paroles qui crucifient leur prochain ?
C’est pourquoi nous te prions, toi qui ne pousses personne de côté et déclares ta tendresse à tous ceux qui cherchent à vivre selon ta volonté : Seigneur, pardonne notre péché et apprends-nous à fixer notre regard sur le Christ. Que son Esprit nous console et nous inspire dans nos relations les uns avec les autres. Amen
Cantique 43/08, 1-2 : Prends pitié de moi
Annonce de la grâce
A ceux qui veulent être ses disciples, Jésus trace un chemin lorsqu’il dit dans le Sermon sur la Montagne :
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, qu’on vous persécute et qu’on répand faussement sur vous toutes sortes de méchancetés, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez transportés d’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Et maintenant nous écoutons le récit de la passion de Jésus-Christ.
Récit de la passion : Matthieu 27, 1-26
Méditation
Pour être grand devant les hommes, il faut se contenter de dire ce qu’on attend que vous disiez ! On attend de vous que vous ne sortiez pas de votre fonction. Il faut rester conforme à l’opinion générale et ne rien faire qui désarticule par trop les habituelles pratiques. Surtout ne rien entreprendre qui dérange le subtil équilibre des compromissions. Mais voici quelqu’un qui est réduit à rien parce que ni sa parole ni ses actes ne conviennent : sa parole sur Dieu et sur les hommes et sur la religion et sur la liberté intérieure !
Ses actes introduisent une autre façon de pratiquer la loi de Dieu : ses actes en faveur des exclus et de tous les impurs. Cet homme, c’est Jésus de Nazareth. Il a eu des paroles claires en direction de ceux qu’il a appelés à sa suite, les 12 disciples et ceux qui s’en réclament.
Introduction lue
Mt. 5, 1 – 12
1 A la vue de ces foules, Jésus monta sur la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui.
2 Puis il prit la parole pour les enseigner; il dit:
3 «Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient!
4 Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés!
5 Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre!
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! 7 Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux! 8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! 9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient!
11 Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi.
12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Il a fallu le rabaisser publiquement afin de couler et clouer La Parole ! Il a fallu le ridiculiser afin de jeter la suspicion sur ses actes ! Pour faire taire quelqu’un, c’est simple : il suffit de l’humilier, de le rapetisser, de le discréditer, de le ridiculiser. Or dans cette histoire, ce qui est nouveau, c’est que celui qu’on rapetisse, qu’on dégrade, celui-là devient grand pour toujours ! Car, par son dépouillement volontaire, par le don qu’il fait de lui-même, il ouvre une brèche par laquelle l’humanité pourra prendre la direction de la grandeur. Les autres, les grands : les Pilate, les Caïphe, les détracteurs, les tortionnaires deviennent petits et mesquins. Jésus est réduit à rien, comme le sont tant d’autres aujourd’hui encore ! C’est Dieu lui-même qui est rapetissé à cause de sa passion pour l’humanité qu’il s’entête à vouloir grande et transfigurée. Avec Jésus dégradé dans son humanité, Dieu se place définitivement aux côtés de ceux qui sont rabaissés, diffamés, humiliés, maltraités, insultés parce qu’ils tentent d’élever le cœur de l’homme, et il leur dit avec tendresse : « C’est vous qui êtes grands ! Vous êtes mes Serviteurs qui, avec mon Fils, sauvez le monde ! Heureux êtes-vous si on vous insulte, si on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi ! » Et ces petits, ces différents sont toujours les boucs émissaires dans les moments de crainte. Nous l’avons encore vu récemment.
Marcher à la suite du Christ est parfois un chemin de passion, de solitude aussi, de souffrance. Celui ou celle qui veut suivre le Christ, doit comprendre et accepter qu’il existe une possibilité de ne pas être accueilli ; c’est accepter de prendre le risque d’être incompris et rejeté. Mais Jésus affirme qu’il y a, au cœur même de l’adversité et de l’incompréhension, une expérience du bonheur, de béatitude car dans cette expérience d’effacement de toute expérience humaine positive, il nous est indiqué que le vrai bonheur se vit dans la fidélité à Dieu, fidélité à la vérité, fidélité à la justice, fidélité à la vie !
La passion et la pâque du Christ nous font découvrir que pour entrer dans la vraie vie, nous ne pouvons pas faire l’économie de la souffrance et de la mort. Les béatitudes nous disent comment il nous faut mourir de tant de manières pour avoir accès au don de la vraie vie qui vient de Dieu et qui est marquée du sceau de son amour et de son pardon. Comme Judas, comme Pierre et tous les autres disciples, nous acceptons d’entrer dans des attitudes de lâcheté, de reniement, de trahison de nos propres valeurs ou de nos amis plutôt que de prendre le risque des coups et de l’hostilité pour nous-mêmes.
En nous disant : » Heureux êtes-vous si on vous insulte, si on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi », Jésus ne se contente pas d’énoncer des vérités universelles, des principes impersonnels. Il s’adresse à chacune et chacun de nous en nous questionnant : es-tu conséquent dans ta manière de parler, de vivre et d’agir ?
Nos paroles et nos actes sont-ils en effet, en accord avec ce que nous prétendons croire, avec les paroles tirées de l’Evangile que nous prônons souvent de manière théorique ou pour les autres sans forcément penser à nous les appliquer en premier lieu à nous-mêmes ?!
« A cause de moi » …
Ceux qui, à la suite du Christ agissent comme Dieu le demande, ceux qui font la volonté de Dieu et qui vivent l’amour, la douceur, le partage, la paix, etc.…, ne seront pas forcément compris. Ils pourront rencontrer l’incompréhension, la violence, le refus de la paix, la moquerie, de la part de ceux qui recherchent l’avoir, le pouvoir, la gloire…
Il leur faudra continuer à aimer… A cause du Christ, car seul l’amour permet d’avancer plus loin que la croix…
Wilfred Monod, le père de Théodore Monod, pasteur et fondateur de la Communauté des Veilleurs a écrit de très beaux textes sur cette croix qui marque l’échec de Dieu dans son projet d’embarquer l’humanité toute entière dans ce projet d’un Royaume différent, bâti sur l’attention des uns aux autres. Mais il y a cette promesse qui conduit vers l’aurore du matin de Pâques.
Cette année 2020 qui restera très particulière nous fait lire la Passion du Christ avec une acuité renouvelée.
Ce vendredi saint de l’année 2020, nous contemplons la croix comme une promesse qui donne naissance au bonheur de pouvoir se relever et se remettre en marche vers de nouveaux horizons. Amen !
Cantique 33/21, 1, 4, 5 : O Jésus ta croix domine
Bénédiction
Que Dieu nous accompagne dans les moments difficiles que nous traversons, dans les chemins de désert où nous pourrions nous trouver, qu’il nous insuffle son Esprit et nous fasse ressentir sa tendresse et qu’il nous pousse à la partager. Bénis-nous et donne-nous ta paix. Amen !
nous écoutons la chanson de Francis Cabrel Dans chaque cœur
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Une colline comme il y en a partout
Quelqu’un a porté une croix et des clous
Les gens se pressent et restent là, debout «
Voilà celui qui prétend parler pour nous »
On rit de voir les marques à ses genoux
Dans chaque cœur, il peut faire un froid d’igloo
On se bouscule pour voir l’homme blessé
Ce qu’il murmure avec son regard baissé «
C’est de l’amour que j’ai voulu vous laisser
L’amour, l’amour, y en aura jamais assez
Il est partout sous chaque étoffe froissée
Dans chaque épine de ma couronne tressée »
Les hommes soudain se sont montrés pressés
On l’a fait marcher vers cette croix dressée
Ces mains qui n’avaient jamais fait qu’embrasser
Ça n’a pris qu’un instant pour les traverser
Je vous laisse à ces quelques larmes versées
Et des siècles et des siècles pour y penser
Les mots glissaient de son visage penché
Dans chaque coeur, il y a un printemps caché
C’est le trésor qu’il vous faudra rechercher
Entre les pierres et sous les herbes séchées
Pour le faire boire, un homme s’est approché
Voilà l’espoir auquel il faut s’accrocher
Une colline comme il y en a partout
Quelqu’un a porté une croix et des clous
Pour le faire boire, un homme s’est approché
Dans chaque cœur, il y a un printemps caché